Premier jour pour le bon docteur

Je me lève de bon matin. Avec l'ardeur de mes vingt ans, mais les articulations me rappelle douloureusement l’éminence de mon âge vénérable, je fais quelques étirements. Bonté divine que je n'aime aucunement ces claquements secs que mes articulations font en protestant énergiquement. Ils ont l'air de me crier de me supplier, d'arrêter cette torture. De me plonger sous la douillette de mon lit et de ne plus relever avant mon prochain anniversaire. Mais je les laisse hurler de souffrance, je dois rester stoïque et démontrer un peu de fierté que diable. La douche rapide et me voilà devant mon garde-robe. Je serais ponctuel à ma première journée en tant que médecin-légiste ou bien je mourrais en court de route.  Pouvoir de nouveau aider mon prochain, résoudre des énigmes par le biais de mes nombreuses connaissances. Que demander de plus. Mais c'est devant ces jeunes officiers, mes futurs collègues,  qui semblent épanouies que je sens les nombreuses années qui m’affligent. J'essaie de les suivre, mais c'est humainement impossible. Je m'habille en grommelant dans ma barbe pour la cause. Mes chaussures en cuir souples Oxford, mon habit trois pièces sombre, ma chemise d’une blancheur étincelante et ma coquetterie mon nœud papillon bleu profond qui fait ressortir mon regard d’acier bleuté. Je me regarde dans mon miroir et je ne peux qu'apprécier l'élégance que je dégage. Par principe j’ajuste mes lunettes cercler d’argent et un coup de beigne dans ma chevelure poivre et sel. Même en Amérique, avoir un minimum de savoir-vivre et surtout une classe typiquement britannique est de rigueur pour mon propre orgueil. Je saisis ma canne de marche, élément incongru durant cette époque chaotique j'en conviens. Mais la lame d'acier caché à l'intérieur m'a été d'une grande assistance dans des situations des fois délicates ou bien catastrophiques. Un avantage certain pour votre humble serviteur. C'est ce que mon vieux professeur d'escrime d'Oxford se tuait à nous dire. Paix à l'âme de cet homme qui sans le savoir m'a façonnée pour me défendre dans cette contrée inhospitalière. « Longue et Dur », voilà mon sobriquet durant mes glorieuses années à l’université. Et Malgré mon âge pittoresque, disons que certaine dames succombent encore à mon flegme et surtout mon charme de gentilhomme britannique. Et je vous entends penser, ça m’arrive encore à mon âge de faire du Dieu seul me voit. Mais c’est hors propos que je ne vais pas m’étendre sur le sujet plus que de raison. Au risque de passer pour un fanfaron. Tout près de la porte d’entrée de mon manoir, je vois mon sac de médecine en cuir que je garde comme la brunelle de mes yeux. . Du matériel de soins, une bouteille d’eau, quelques biscuits et un ensemble portatif pour le thé. Que le grand cric me croque si je ne bois pas mon breuvage ancestral et divin à l’heure proscrit par le civisme britannique.

Rassurer par ma dégaine, j’ouvre la porte pour respirer la douceur de la campagne. En sortant je sonde les alentours. Il fait encore entre chien et loup. Je prends une grande respiration et je commence à descendre les quelques marches de béton de de ce manoir de type Victorien que j’appelle mon chez moi. Le taxi jaune canari m’attend sagement et je salut courtoisement le conducteur. Il m’ouvre même la porte et je ne peux que le remercier pour sa prévenance et son timing des plus parfait. Comme je vais en ville, un quartier que je ne connais aucunement, j’ai pris la précaution d’appeler un spécialiste de la route. Je vous entends penser, pourquoi pas un GPS? Malheureusement je suis un dinosaure point de vue technologique. J’ai encore la pagette et le cellulaire à couvercle escamotable qui ne fait aucun texto. Vous voyez l’ancêtre que je suis. Je dois être l’un des seuls qui appelle encore les gens par téléphone au lieu d’envoyer des messages plein de fautes et des dessins ma foi humoristique pathétique.

J'adore ce petit quartier fantôme, cette nature morte de béton et de ferraille qui commencent à peine à se réveiller. Les gens ne vont que se lever, aller travailler en ville et revenir pour un souper tardif et se coucher. À ma grande surprise mon chauffeur du jour écoute du Vivaldi et je me laisse bercer par cette musique céleste. Nous discutons des grands compositeurs disparus, de la pluie et du beau temps. Nous arrivons trop tôt devant l’édifice austère qui abrite mon petit local de médecine légiste. Je paie avec joie ma course et lui demande à brûle-point si il est heureux à son poste. L’homme baisse la tête de chagrin et m’avoue désirer être plus souvent avec sa famille. Ce que je peux comprendre vu le nombre de photos avec des chérubins souriants qu’il affiche fièrement sur le tableau de bord. Je lui donne alors un monstrueux pourboire et lui demande si c’est possible qu’il vienne me chercher et me ramener à chaque fois que je l’appelle. Il saute littéralement de joie et me donne son numéro. De nouveau il m’ouvre la portière.

Sortant les deux pieds, ensuite ma canne, je m’extrais de l’habitacle et je commence à marcher après avoir remercié mon nouveau chauffeur.  Je ne suis que flegme, élégance et stoïque comme l’exige mon éducation de gentilhomme. Malgré la distance, je reste un serviteur de Sa Majesté et juste à mon dernier souffle je serais la perfection britannique dans les gestes et les paroles. D’une démarche droite, noble et surtout élégante, je m’avance vers l’édifice gouvernemental. Le toquement ferreux de ma canne frappant le bitume avec régularité annonce mon arrivé et rendu dans l’immense hall je m’arrête perplexe. Je regarde les écriteaux pour me diriger vers mes quartiers, mais malheureusement mon sens de l’orientation est ma Némésis. Je dépose alors ma sacoche de médecine au sol et porte ma main à mon menton pour déchiffrer ce nouveau mystère…

Codage par Libella sur Graphiorum

Je suis en profonde interrogation envers moi-même, maudissant mon sens de l’orientation déficient. Je me doute fortement que la salle d’autopsie est au sous-sol, mais bonté divine mon cabinet se trouve à proximité ou bien à un étage. Je n’ai que le numéro, 225 couloirs B. Est-ce le deuxième étage, une aile en particulier ou bien simplement une fantaisie d’un architecte méconnu. Diantre je vais devoir revenir sur mes pas et m’abaisser à demander mon trajet à un de ces vigiles qui semblaient aussi enthousiasme qu’un clown triste. Mais je me fais abruptement tirer de mon dilemme par une voix chaude et amicale. Je me retourne et comme à mon habitude je me redresse pour avoir la pose noble et surtout digne qui convient à tout serviteur de Sa Majesté qui se respecte. Oui mon cher ami. Je peux réciter en chantonnant l’anatomie du corps humain sur l’air du printemps de Vivaldi, mais ma Némésis que je dois lutter jour après jour et mon sens lunatique de l’orientation. J’essaie avec une certaine dose de désespoir à rejoindre mon cabinet, le locale 225 au couloir B. Je le détaille de manière professionnelle et sociale. Une vieille habitude que je possède d’évaluer chaque personne qui me fait face pour essayer de découvrir quelques faits sur mon vis-à-vis. Quand il me tend la main je lui serre volontiers la pince. Une poignée de main franche, honnête et surtout conviviale. Son attitude me semble amicale et des plus accueillantes. Mais au tréfonds de ce regard bienveillant se dégage une force et une détermination façonner par la vie. C’est avec une joie des plus consommé que de faire votre rencontre mon cher Matt. Je me permets de me présenter. Docteur Alair Wakeman. Le nouveau médecin légiste et étranger à ce bâtiment administratif. Je ne suis que flegme, stoïque et humour pince-sans-rire. Mon ton de voix est précis et distingué comme un présentateur de nouvelles télévisé à la BBC. Il m’invite à le suivre, j’emboite le pas avec ma démarche digne et au son métallique de ma canne qui frappe le sol avec régularité, vers un ascenseur et galamment il appuie sur le bouton de rappel. Alors que le lève-personne nous indique sa descente vers notre encontre, l’agent du FBI me questionne sur ma présence en ces lieux.

Votre intuition est des plus exact mon cher. Je vais collaborer entre les différents services pour vous aider avec minutie et célérité. J’ai un devoir envers les pauvres victimes qui vont aboutir à regret sur la table d’autopsie. Que les circonstances tragiques de leurs trépas ne restent aucunement sans réponses. Je fais un sourire rassurant et doté d’un flegme autant qu’authentique. J’ai passé la grande partie de ma vie à soigner les gens de Londres. Hors j’ai dû remplacer le médecin légiste de la New Scotland Yard au pied levé et j’ai apprécié cette nouvelle épreuve. Ensuite dans la petite ville du Colorado j’ai aidé autant les représentants de l’ordre en tant que légiste que médecin. J’espère vous être agréable dans ces deux rôles mon cher. Les portes s’ouvrent et comme tout bon gentilhomme qui se respect je cède le passage à mon acolyte du moment. Je note attentivement le numéro du pallier dans ma mémoire et alors que les portes se referment je lui fais un sourire charmant et surtout désarmant. Donc si je comprends bien selon votre badge vous êtes chef d’équipe pour le FBI. Vous devez être un homme méticuleux vu votre bord et vous devez agir en chef charismatique. Pas de bague donc vous êtes libre comme l’air. Surtout à voir la réceptionniste faire ses yeux doux aucunement subtils. Je rigole un peu et ajuste mon nœud papillon qui me va parfaitement. Lors de mon interrogation sur le chemin à suivre, j’ai pu observer la scène grâce aux effets miroir des portes métalliques. Je m’excuse de mes observations à voix hautes, mais je crois sincèrement que vous n’êtes pas le type de personne qui aime recevoir des ronds de jambes. Donc si vous le désirez, nous pourrons discuter librement autour d’un breuvage exquis pendant quelques instants à mon cabinet histoire qu’on puisse se connaître pour les futures collaborations. J’attends sa réponse et me tenant droit et surtout dégageant charme, flegme et sophistication britannique. Un tel civisme de ma part me relègue malheureusement à l’état de dinosaure par la jeunesse doré de nos jours…

Codage par Libella sur Graphiorum