Une nouvelle façon de faire connaissance...

Je sors ma montre à gousset de mon gilet et je foudroie du regard le ballet circulaire des aiguilles. Moi qui ne tolère point d’être en retard, une qualité plus qu’appréciable que doit posséder chaque serviteur de Sa Majesté dans son large éventail de qualités, me voilà de nouveau perdu à cause de mon sens de l’orientation plus que déficient. Avec une pointe de rage envers moi-même, je referme le boîtier pour enfouir dans sa protection de tissus la montre qui appartient à ma famille depuis des lustres. Héritage somme toute importante car je suis le dernier membre de ma lignée qui respire encore sans aucune assistance ou bien qui pique un roupillon éternel. Malheureusement à ma mort mon clan va s’éteindre avec moi. J’ajuste alors mon dossier sous mon bras, boutonne ma veste de mon costume trois pièces gris d’un bon goût. Mon nœud papillon bleuté est ma touche d’excentricité et fait ressortir l’acier bleuté de mon regard qui est la fois charmant et intelligent. De nouveau je vais claquer le bout ferreux de ma canne sur le parquet ciré du couloir de ce labyrinthe digne de celui du minotaure de la légende Grec. Et de ce que j’ai cru comprendre en discutant avec les agents de terrain, le directeur pourra faire aisément faire reculer de frayeur cette créature mystique qu’avec son regard intimidant. Donc j’allonge le pas dans l’espoir de comblé la distance et de faire le prodige de retrouver ce bureau.

De nouveau je m’arrête devant un plan d’évacuation et j’essaie, en plissant mon regard derrière les verres correctifs de mes lunettes ciselé de cuivre, de me repérer malgré ma Némésis qu’est l’orientation. Bloody hell! Pourquoi ce rendez-vous m’est tombé à l’improviste comme la misère sur le pauvre monde. En plus directement pour le thé. Ces Yankees ne respectent aucunement cette heure sacrée de l’absorption de ce doux nectar divin! Et voilà je l’ai dit. Je suis un dinosaure de civisme et je suis ancré dans mes habitudes avec la détermination d’un cheval de laitier qui fait la même route jour après jour. Donc quand je suis chamboulé, ce qui semble être le sport le plus en vogue dans ce lieu, je m’égare et devient légèrement lunatique. Je crois néanmoins me repérer et je force légèrement mon pas en soupirant ma frustration galopante. Malgré mon énervement grandissant je reste stoïque et débordant de flegme britannique. Mon pas est alerte, ma démarche droite et noble. Ma canne n’est qu’un artifice, un accessoire qui cache un moyen de me défendre avec élégance et surtout panache. Je tourne le coin en toute vitesse, ne regardant guère ce miroir placé en hauteur pour éviter une collision. Lunatique comme à mon habitude, songeant au dossier en cours et aux découvertes réalisées grâce à la médecine légale, j’entre à vive allure dans une personne. Comme étant de frêle constitution, vivement l’hiver de ma vie, je rebondis avec la grâce d’un pachyderme myope vers l’arrière pour tomber à demi au sol. Le dossier m’échappe des mains et tournoie pour étaler ses entrailles de papiers au sol. Confus je vois que la personne que j’ai percuté malheureusement tenait aussi un dossier et je pourrais presque me croire en automne vu les feuilles qui choient au sol, Aussitôt je commence à ramasser frénétiquement les pages, séparant les miennes des autres en me confondant d’excuses. Je vous prie de m’excuser pour mon égarement. Je suis nouveau en ces lieux et doublé par mon sens de l’orientation des plus déficients je ressemble malheureusement à un chien dans une allée de quilles… Attend la moindre des choses sera de ramasser la cause de mon étourderie…

Codage par Libella sur Graphiorum